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Llewella's home
4 septembre 2010

Mes dilemmes et moi, part I : des fringues et du chaos

(attention, billet long et chiant avec des bouts d'introspection dedans... on vous aura prévenu)

tapé le mardi 24 août 2010

à 22h29

    Je suis dans ma tanière à Aix et j'ai perdu la connexion web. Les voisins ont dû faire quelques déplacements de meubles, en tout cas juste assez pour que mon code wifi ne serve plus à rien. C'est dommage, mais en même temps tout a une fin, non ? Je tape donc ce texte « hors ligne » pour en faire un billet plus tard, le plus tôt possible, avant que ces mots n'aient plus que l'écho du vide.

    Je suis dans ma tanière et, ces dernières semaines, j'ai commencé un groooos tri. Ce tri concerne des kilo et des kilo de vêtements. Certains ont plus de dix ans, d'autres n'ont même pas été portés. L'affaissement de mon armoire, chez mes parents, m'a fait comprendre à quel point la situation était critique (nb : une armoire d'enfant, sinon elle ne rentrait pas). Comme je n'ai absolument nulle part où faire ça là-bas, je suis venue ici, avec d'énormes sacs, pour tout déballer, laver, trier.

    Le constat est assez affligeant : sur toute la masse de textile, je ne dois en porter régulièrement que 10%, pas plus, de très nombreux vêtements n'étant même plus portables car a) trop petits, b) trop grands, c) abîmés sans pouvoir être réparés, d) difformes, e) trop moches. Une très grande partie provient soit du marché de ma ville, soit de Kiabi, soit d'internet. A une époque, je faisais beaucoup d'achats en ligne, car personne ne voulait/pouvait « faire du shopping », avec moi (ou en tout cas m'y amener) et les quelques boutiques « pas loin de chez moi » étaient quand même « assez loin », car situées en centre-ville. Le problème, c'est que j'ai ainsi acheté de nombreux vêtements un peu « au pif », en me fiant à une simple photo parfois arrangée, et à la mince description de l'article. Je suis tombée sur des choses très belles et qui m'allaient bien, et d'autres pas du tout, ou alors décevantes par la matière, la forme, etc.

    Ne faisant pas les magasins, ma mère daignait tout de même m'emmener de temps en temps à deux endroits principalement : le marché, et Kiabi, donc. C'est vrai que ce n'est pas cher, c'est vrai que cela me convenait lorsque j'étais au collège et au lycée, mais aujourd'hui ce n'est plus possible. Entre le tissu de mauvaise qualité et la forme trop archi-moche, je me dis : « Non, plus jamais !! D8 ». Ok, ça dépanne bien (à l'époque, j'avais 60€ d'argent de poche par mois, et tout ne partait pas dans les fringues), mais c'est en faisant tout cet énorme tri, parallèlement à de longues et lourdes questions au sujet de mon « avenir », que je me suis rendue compte que j'avais un réel besoin de me « mettre en valeur ». Et cette mise en valeur doit passer par le débarras de toutes ces « guenilles ».


    J'ai donc fait plusieurs « tas ». Le premier était pour La Fibre Solidaire, une friperie dépôt/vente bénéfices vont à une association caritative. J'y ai mis tous les habits en bon état et d'un style assez classique : short, t-shirts, pantalons que je ne mettrai jamais plus, etc. J'ai apporté le sac l'autre jour, et bien que la boutique ne soit pas très très loin de chez moi, je peux vous dire que ça a été lourd à porter !

    Le deuxième tas était les vêtements susceptibles d'être revendus. En faisant des lots ainsi que des annonces soignées, j'espère pouvoir récupérer quelques euros (ce qui tomberait bien, vu que je manque cruellement de sous en ce moment...).

    Le troisième tas était pour une copine styliste qui fait pas mal de récup'. J'y ai mis tous les habits que je ne me voyais pas trop apporter à la Fibre Solidaire (par exemple les trucs avec de la dentelle noire, hem) et ceux dont l'état ou l'aspect ne permettent même pas d'imaginer une quelconque revente.

    Il me reste encore un gros tas à trier : il s'agit d'un énorme sac qui traînait dans ma chambre depuis 2/3 ans et que j'avais fait en attendant d'avoir le temps de revendre / donner. Il avait beau être hermétiquement fermé et avoir des parois épaisses, il empestait la moisissure à plein nez... Du coup, j'ai tout relavé, à la main, et généralement deux fois de suite, car l'odeur ne voulait pas partir. Pendant et après le séchage, j'ai cramé du papier d'Arménie et de l'encens-de-la-bridée-qui-ne-fait-pas-de-fumée, et j'ai laissé traîné mon pain de « Karma » (copyright Lush) pour désodoriser le tout.

    Les vêtements qui sont restés (dont quelques uns, je l'admets, par pure nostalgie) tiennent tous dans le placard de ma tanière. J'ai organisés celui-ci avec six boîtes en tissu trouvées à Ikéa, séparant sur chaque étagère le « casual » du « un peu moins casual ».

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mes boîboîtes...

    Mon but final est de parvenir à me constituer une garde-robe de tous les jours avec uniquement des habits qui me plaisent vraiment, qui me vont vraiment, et qui ne sont pas trop difficiles à mettre (par exemple en cas de petit boulot, ou d'entretien ><). J'ai encore trop de choses moches dans mon placard mais que je ne peux pas virer car je n'ai rien en rechange (les pulls, notamment), et je n'ai pas les sous pour acheter autre chose ce mois-ci.

    J'ai déjà commencé la « mutation » par un passage à Promod. En fait, je voulais aussi quelque chose qui soit un minimum joli pour le mariage de D. Je ne pouvais pas me permettre d'acheter une tenue « exprès », ou tellement fashion que je ne pourrais la remettre qu'au prochain mariage, donc j'ai juste choisi une jupe à fleurs (Liberty !), un corsage à fleurs (encore des fleurs, et roses elles aussi) et un pantalon noir taille-à-peu-près-haute (parce que plus tard dans l'année, je ne trouve plus ma taille, ou alors il n'y a plus que des modèles taille basse... et pour remplacer tous les vieux qui ne me vont pas ou plus). Au passage, et sans le faire vraiment exprès, j'ai profité des soldes (20€ au lieu de 35 pour la jupe et 15 au lieu de 20 pour le chemisier) et je me suis procuré la carte de fidélité du magasin (en espérant y repasser dans l'année, car pour l'instant c'est une des rares boutiques où j'ai trouvé quelques trucs jolis et qui en plus me vont, ce qui est archi-rare...).

    Pour l'instant, le lolita attendra. Ne touchant plus aucune bourse, ça va être difficile cette année (déjà qu'avec 200€/mois, dans une ville aussi chère qu'Aix, c'était pas top), et je dois me concentrer sur des achats de vêtements que je pourrais porter en toute occasion. Je me vois mal distribuer des tracts pour le soutien scolaire en Atelier Pierrot, et encore moins venir à l'entretien d'embauche ainsi. Mais ce n'est pas pour ça que j'abandonne le lolita. Car, pour moi, il continue d'être présent, chaque jour de ma vie (j'y reviendrai peut-être dans un prochain billet). Même si j'ai peu de robes, et même si je ne peux pas mettre souvent celles-ci, le lolita m'accompagne et me permet de garder (un peu) espoir pour certaines choses.

    Bref, tout ça pour en venir à un fait : ce tri était extrêmement important et nécessaire pour moi. Auparavant, j'avais déjà donné beaucoup de vêtements, mais le changement n'avait jamais été aussi radical. Je suis en « conflit » avec mes parents (surtout mon père) depuis des années, et ce conflit porte en particulier sur le fait de garder / jeter les choses (mon père garde tout, jusqu'aux trognons de pomme et aux aliments périmés). J'ai toujours vécu dans un capharnaüm inimaginable, car mon père ne range pas, ne jette pas, ne trie pas, et ramasse en prime des tas de merdouilles (par exemple, des objets inutiles en solde, des trucs dont les gens (moi comprise T_T) essaient de se débarrasser, etc), et ces merdouilles ne sont évidemment ni rangées, ni triées, ni jetées... Cela ne concerne pas que les objets, c'est même toute une manière de penser et d'appréhender les choses. Par exemple, en CM2, alors que, sans avoir rien demandé à personne, je devenais "physiquement de plus en plus ado", je n'avais pas le droit d'avoir mes propres habits. Il a fallu que j'enchaîne les crises de nerfs pour que, enfin, ma mère m'emmène dans un magasin (une chaîne dont le nom commence par un K, je vous laisse deviner) et que je puisse m'acheter des vêtements à ma taille et neufs (car, jusque là, je n'avais que les vêtements, soit moches soit pas du tout à ma taille, dont se débarrassait régulièrement ma cousine).

    C'est très compliqué de raconter tout ça, car de trop nombreux éléments s'entremêlent. Par ailleurs, ce blog n'est pas un divan de psychanalyse, donc je ne vais pas chercher à en dire trop. C'est juste pour donner une vague idée. L'idée que l'on peut avoir une réelle trouille de l'ordre. A moins que ce ne soit une trouille de la mort, qui entraîne la recherche perpétuelle du « gratuit » et du « on récupère tout ce qu'on peut », au détriment de la vie elle-même ?...

    Pour vous donner un dernier bel exemple de ce « conflit ». Quand j'avais une dizaine d'années, j'ai entrepris de ranger mon bureau. Ce meuble ne servait en effet pas à écrire, mais à supporter, en permanence, une montagne de merdouilles. Je ne sais pas ce qui m'a pris, un besoin soudain d'ordre : j'ai passé plusieurs heures, pour la première fois de ma vie, à ranger un meuble de la maison (et pas n'importe quel meuble : mon meuble). J'étais incroyablement heureuse le soir, en allant me coucher, la sensation du travail accompli

    Puis, le lendemain, vision d'horreur : le bordel était revenu. Pire que jamais. La raison ? Mon père, dans son angoisse d'avoir perdu quelque chose (quelque chose que je ne pouvais de toutes façons pas avoir, et qui devait traîner dans ses affaires, mais il se trouve qu'il est un peu paranoïaque aussi), avait démonté toutes mes affaires, jusqu'alors soigneusement rangées, et avait complètement détruit le travail réalisé la veille, réduisant à néant en quelques instants des heures d'effort.

    Je ne pourrai pas décrire le désespoir qui s'est emparé de moi devant ça. J'étais entièrement détruite. Tout le temps que j'ai ensuite vécu dans cette maison (encore louée aujourd'hui par mon père, et rebaptisée à juste titre je pense par mon frère et moi « la Maison du Chaos »), je n'ai plus jamais rangé mon bureau.

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