Grève, quand tu nous tiens
[J'ai finalement décidé de couper mon dernier billet en deux parties. Ca sera peut-être moins pénible à lire.]
Je n'ai pas spécialement envie de m'étendre très longtemps sur ce
billet, non seulement parce que je suis fatiguée alors qu'il faudrait
que je sois en forme demain soir (because je travaille pour de vrai :
mon premier inventaire), mais aussi pour éviter que mon humeur, un peu
trop morose ces derniers-temps, ne déteigne et ne me fasse blablater
pendant des lignes, des paragraphes... aussi insipides qu'inutiles.
Au sujet des dernières niouzes... La situation à la fac commence à
être un peu moins chaotique (mais pour combien de temps ?...). J'ai
enfin eu deux cours aujourd'hui, mais à cause d'un malentendu mettant
en scène des étudiants de la MMSH déclarant la grève, un président de
l'université qui fait rouvrir sa fac inopinément et un directeur qui ne
fait pas passer de décisions claires, nous devions être entre quinze et
vingt (sur plus de quanrante) à assister aux cours. Je ne sais pas si
le blocage sera voté ou non demain : cela fait deux fois qu'il est
rejeté, mais je comprendrais que les anti-blocage se lassent des AG de
quatre heures (non, elle n'ont pas lieu à 16h, elle durent quatre heures) et préfèrent assister aux cours.
J'ai moi-même assisté à la dernière assemblée, celle de lundi, parce
que je sortais tout juste d'un cours de chorale (le premier depuis un mois !) et que je me sentais
ainsi un peu plus d'attaque (au point de rester à une AG, waou quoi).
Des heures de blablas, de "ouais, moi chui l'plu'fort, n'écoutez que
moi !", de guéguerres entre syndicats, de propositions huées, de
figures applaudies pour avoir sorti un speach sur un ton
révolutionnaire... Je me suis bien gardée d'applaudir ou de huer qui
que ce soit. Tout ça me fatigue. La seule personne a venir parler et
avec qui j'étais vraiment d'accord était celle qui a parlé d'un fossé
qui se creusait entre les étudiants, de l'incompréhension et du manque
de dialogue, que l'on veut nous faire croire compensés par ces fameuses
assemblées. Il y a eu plusieurs 'temps forts' (comprenez : temps
pendant lesquels je pensais un peu moins à mes put@*ns de jambes qui me
faisaient souffrir le martyr), notamment lorsque trois professeurs ont
pris la parole pour nous conseiller TRES vivement de reprendre les
cours, mais surtout lorsqu'un zigoto, le 'mic' une fois en main, a
sorti un papier de sa poche et... nous a rapé/slammé un texte de son
cru pendant au moins cinq minutes... Je ne sais pas ce que cela vaut en
matière de slam, en tout cas d'un point de vue extérieur à cette
culture, je dois dire que j'ai trouvé ça à chier
intéressant... Mais ça aura eu le mérite de nous faire bien marrer. Un
vrai poète, ce gars, je suis sûr qu'il a plus d'imagination que tous
ceux qui passent à la Star Ac' (en même temps, c'est pas difficile...).
BREF pour l'instant, je reste très sceptique et plutôt pessimiste.
Même si les cours finissent par reprendre normalement, je me dis que
tout est loin d'être fini. Tout semble même plutôt commencer.
Avant que l'on me parle de cette foutue loi, j'avais presque considéré
la voie de chercheur comme quelque chose d'envisageable. J'avais repris
espoir et espérais faire encore un tas d'études. Maintenant, je n'en
sais trop rien. J'ai toujours cette même volonté, mais je me demande
alors s'il ne faut pas que je me range du côté des bloqueurs et espérer
qu'au bout de peut-être deux ans de grèves, comme ce fut paraît-il le
cas en Grèce, la loi soit abrogée.
Mais il se trouve que tout
le monde n'est pas prêt à perdre deux ans de ses études/de sa vie à
brailler en espérant que cela change, en particulier lorsque l'on n'est
pas/ne sent pas concerné par la loi (ou qu'on l'approuve). Et puis, en
tant que pessimiste, je ne peux que me demander : cela va-t-il vraiment
changer quelque chose ? Arrêtez de nous parler du CPE, de cette
'victoire' (alors qu'il me semble que le CNE court toujours, lui), tout
ça appartient à une autre époque. Et si le gouvernement ne cédait
jamais ? Si l'élection de notre merveilleux président
annonçait pour de bon la fin des études et de la recherche comme on
l'entendait jusque là, c'est-à-dire avoir le droit d'écrire un mémoire
sur des clous médiévaux ou d'être payé pour étudier trois bouts de
silex qui n'intéressent personne en dehors des chercheurs ?... Je sais
que l'archéologie n'apparaît pas comme rentable, voire comme pas
intéressante, que c'est une science 'nombriliste' qui ne produit que du
savoir, mais c'est véritablement ce que j'aime, et je n'ai jamais
souhaité autant que maintenant en faire mon boulot. J'aimerais pouvoir
continuer à étudier ce que je veux, peu importe la valeur pécunière.
En gros, je ne sais plus trop quoi penser. Je suis lasse. J'aimerais
pouvoir m'enterrer dans un coin et hiberner un peu, malheureusement je
sais que faire l'autruche n'est pas une solution.