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Llewella's home
5 décembre 2007

Grève, quand tu nous tiens

[J'ai finalement décidé de couper mon dernier billet en deux parties. Ca sera peut-être moins pénible à lire.]

    Je n'ai pas spécialement envie de m'étendre très longtemps sur ce billet, non seulement parce que je suis fatiguée alors qu'il faudrait que je sois en forme demain soir (because je travaille pour de vrai : mon premier inventaire), mais aussi pour éviter que mon humeur, un peu trop morose ces derniers-temps, ne déteigne et ne me fasse blablater pendant des lignes, des paragraphes... aussi insipides qu'inutiles.
  Au sujet des dernières niouzes... La situation à la fac commence à être un peu moins chaotique (mais pour combien de temps ?...). J'ai enfin eu deux cours aujourd'hui, mais à cause d'un malentendu mettant en scène des étudiants de la MMSH déclarant la grève, un président de l'université qui fait rouvrir sa fac inopinément et un directeur qui ne fait pas passer de décisions claires, nous devions être entre quinze et vingt (sur plus de quanrante) à assister aux cours. Je ne sais pas si le blocage sera voté ou non demain : cela fait deux fois qu'il est rejeté, mais je comprendrais que les anti-blocage se lassent des AG de quatre heures (non, elle n'ont pas lieu à 16h, elle durent quatre heures) et préfèrent assister aux cours.
  J'ai moi-même assisté à la dernière assemblée, celle de lundi, parce que je sortais tout juste d'un cours de chorale (le premier depuis un mois !) et que je me sentais ainsi un peu plus d'attaque (au point de rester à une AG, waou quoi). Des heures de blablas, de "ouais, moi chui l'plu'fort, n'écoutez que moi !", de guéguerres entre syndicats, de propositions huées, de figures applaudies pour avoir sorti un speach sur un ton révolutionnaire... Je me suis bien gardée d'applaudir ou de huer qui que ce soit. Tout ça me fatigue. La seule personne a venir parler et avec qui j'étais vraiment d'accord était celle qui a parlé d'un fossé qui se creusait entre les étudiants, de l'incompréhension et du manque de dialogue, que l'on veut nous faire croire compensés par ces fameuses assemblées. Il y a eu plusieurs 'temps forts' (comprenez : temps pendant lesquels je pensais un peu moins à mes put@*ns de jambes qui me faisaient souffrir le martyr), notamment lorsque trois professeurs ont pris la parole pour nous conseiller TRES vivement de reprendre les cours, mais surtout lorsqu'un zigoto, le 'mic' une fois en main, a sorti un papier de sa poche et... nous a rapé/slammé un texte de son cru pendant au moins cinq minutes... Je ne sais pas ce que cela vaut en matière de slam, en tout cas d'un point de vue extérieur à cette culture, je dois dire que j'ai trouvé ça à chier intéressant... Mais ça aura eu le mérite de nous faire bien marrer. Un vrai poète, ce gars, je suis sûr qu'il a plus d'imagination que tous ceux qui passent à la Star Ac' (en même temps, c'est pas difficile...).
  BREF pour l'instant, je reste très sceptique et plutôt pessimiste. Même si les cours finissent par reprendre normalement, je me dis que tout est loin d'être fini. Tout semble même plutôt commencer. Avant que l'on me parle de cette foutue loi, j'avais presque considéré la voie de chercheur comme quelque chose d'envisageable. J'avais repris espoir et espérais faire encore un tas d'études. Maintenant, je n'en sais trop rien. J'ai toujours cette même volonté, mais je me demande alors s'il ne faut pas que je me range du côté des bloqueurs et espérer qu'au bout de peut-être deux ans de grèves, comme ce fut paraît-il le cas en Grèce, la loi soit abrogée.
    Mais il se trouve que tout le monde n'est pas prêt à perdre deux ans de ses études/de sa vie à brailler en espérant que cela change, en particulier lorsque l'on n'est pas/ne sent pas concerné par la loi (ou qu'on l'approuve). Et puis, en tant que pessimiste, je ne peux que me demander : cela va-t-il vraiment changer quelque chose ? Arrêtez de nous parler du CPE, de cette 'victoire' (alors qu'il me semble que le CNE court toujours, lui), tout ça appartient à une autre époque. Et si le gouvernement ne cédait jamais ? Si l'élection de notre merveilleux président annonçait pour de bon la fin des études et de la recherche comme on l'entendait jusque là, c'est-à-dire avoir le droit d'écrire un mémoire sur des clous médiévaux ou d'être payé pour étudier trois bouts de silex qui n'intéressent personne en dehors des chercheurs ?... Je sais que l'archéologie n'apparaît pas comme rentable, voire comme pas intéressante, que c'est une science 'nombriliste' qui ne produit que du savoir, mais c'est véritablement ce que j'aime, et je n'ai jamais souhaité autant que maintenant en faire mon boulot. J'aimerais pouvoir continuer à étudier ce que je veux, peu importe la valeur pécunière.
  En gros, je ne sais plus trop quoi penser. Je suis lasse. J'aimerais pouvoir m'enterrer dans un coin et hiberner un peu, malheureusement je sais que faire l'autruche n'est pas une solution.

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Commentaires
L
Ah, j'me suis gourée, non ma licence n'est pas un diplôme universitaire (ce type de diplôme étant de toutes manières voué à disparaître). C'était p'têt l'inverse alors. Ou autre chose.<br /> ...<br /> Bref, j'vais aller me renseigner. Mais pour ce qui est de l'augmentation des frais non-indiquée dans la loi mais sous-entendue, ça, j'en suis sûre.<br /> Eh bien, bon courage pour l'AG ^^' Personnellement, la dernière m'a assez écoeurée comme ça, que ce soit du côté de ces soi-disants pro-révolutionnaires ou du côté des adeptes de l'UNI (leur attitude est peut-être même pire, en définitive).<br /> Comme dit notre chef de choeur préféré : "La France a deux grandes nostalgies : la révolution française, et mai 68."
G
OK. Ne jamais dire jamais, et de toute façons je ne l'ai pas dit. Demain je serai à l'AG improvisée des anti-bloqueurs à 9h du matin. Je ne soutiens pas vraiment la loi et ce que tu as dit m'en dissuade de plus en plus, mais je ne supporte plus le blocage.
G
Au temps pour moi. J'ignorais que le montant des frais pour les "DU" serait laissé au bon vouloir des directeurs d'uni, et dans ce cas, je ne doute pas (malheureusement) une seule seconde que oui, ils vont augmenter, et plus d'1.7%. <br /> Et là je suis d'accord pour protester vigoureusement. (je ne savais pas que le pacours archéo n'était pas inscrit dans le cadre d'un diplôme national -_-')<br /> <br /> Quant à l'avenir du CNRS, égoïstement, je ne m'y étais pas penchée dessus. Comme quoi, ton avis "égoïste" a finalement déclenché des recherches de mon côté, et ça c'est plutôt bien (que je réflexionne, pas l'avenir du Comité). Un "mal" pour un bien :) <br /> <br /> Effectivement, le démantèlement du CNRS serait une catastrophe. Pas seulement pour toi et l'Archéo, mais toutes les matières non rentables (la linguistique anglaise, par exemple, au contraire de l'ingéniérie mécanique ou des trucs dans le genre: comme rentabiliser une thèse sur la place des syntagmes copulaires?). <br /> Je suis beaucoup pessimiste que toi sur les exemples d'érudits à la tête d'entreprise qui connaitraient la valeur du Savoir le vrai. Même si c'est une caricature ce que je vais pondre, c'est quand même assez souvent des gens au parcours business, ou même, issus de l'ENS / grandes écoles où la notion de savoir est radicalement différente de celle que je cautionne (témoignage d'une amie qui en a intégré une, S.Po pour ne pas la citer).<br /> <br /> Je ne sais pas trop quoi te recommander en ce qui concerne ton parcours, mais ce serait encore plus rageant pour toi et dommage de "zapper" tes 3 années d'études. Et même si tu le penses parce que tu as une vue subjective, on ne fait pas "chier le monde" quand on étudie ce que l'on aime. Même si c'est long et que les perspectives d'avenir sont moyennement reluisantes. Après, je sais bien que ce n'est pas facile d'accepter cette situation de "longues études avec quoi à l'arrivée?" mais vraiment, ôte toi cette idée de la tête. <br /> Bises!<br /> <br /> PS: mais même. Aucune argumentation ne pourra me faire assister à une AG j'en ai peur... ^^;
L
Petite précision : les frais d'inscription resteront fixes pour les diplômes 'nationaux', mais en ce qui concerne les diplômes 'universitaires' (comme ce que je fais), ça sera au Président de l'Université d'en décider. Rien dans la loi n'indique qu'il faut les augmenter, mais partout (ou presque) où cette loi a été appliquée, les frais d'inscription ont bien grimpé.<br /> <br /> Sinon, personnellement, j'ai un avis très égoïste sur cette loi, puisque je m'intéresse à l'archéologie et que c'est un domaine directement visé par tout ça. Les Grands parlent de la privatisation de l'archéo depuis plusieurs années, parce qu'ils trouvent que ça leur coûte des sous pour pas grand-chose. Et ben ça y est, ça arrive : voilà le démantèlement du CNRS qui est prévu... Si j'ai bien compris, les chercheurs auront à se retrancher dans les universités, pour une recherche qui ne sera plus nationale. Alors, après, je sais que le 'mécénat' existe, et peut fonctionner, mais il faut savoir que cela signifie la fin de 'j'étudie ce que j'aime' et le début de 'j'étudie ce que les entreprises me demandent d'étudier'. Je veux bien que certaines entreprises aient des érudits à leur tête, des gens qui connaissent la valeur du savoir, qui savent que ce n'est pas ce qui brille et ce qui est connu qui est digne d'intérêt, mais je pense que ce genre de cas est très rare.<br /> Je me demande si ça vaut le coup de continuer des études pour avoir encore moins de chances de devenir archéologue et en plus de ne pas être sûre d'étudier ce que je jugerai intéressant (jusque là, c'est le CNRS qui jugeait de la valeur scientifique de la chose). Mais je me demande aussi si ça vaut le coup de faire chier le monde et de perdre deux ans de sa vie...
G
Ah j'ai oublié dans mon précédent commentaire: jolie image de bannière, ça donne des envies de voyages!!<br /> <br /> Concernant les AG, la pote avec qui j'ai bu un grog m'a aussi parlé du mec qui slammait à l'AG, incroyable. C'était peut être un pari pour qu'il soit sur youtube? <br /> <br /> Je n'ai pas assez la foi/courage/envie de rester aux AG pour assister à un défilé d'arguments foireux de gens over-excités qui n'ont pas lu le texte même. Je n'ai lu que le début et les dires de la dadame Pécresse. Je sais que les frais d'inscription n'augmenteront pas, c'est tjs l'état qui les fixe. La seule augmentation possible sera une augmentation qui suivra celle (contestable,d'accord) du prix de la vie (1.7% à peu près..?). Le système à 2 vitesses dans l'éducation existe de toutes façons déjà, avec les facs -dénigrées- et les écoles supérieures. Il n'y a pas prévu -pour l'instant- de "sélection" prévue pour entrer en fac. Si ça permet aux entreprises d'avoir plus d'accord avec les facs, et d'inclure des stages plus pratiques dans des cursus qui sont souvent clos et trop théoriques par rapport à une réalité du marché du travail, pourquoi pas? Je n'ai pas d'opinion très en faveur ou défaveur (ça existe pas ce mot, hein?) de la LRU, mais je ne comprends pas les revendications de ceux qui sont contre. On peut avoir peur de la "privatisation" et du désengagement de l'état sur ces sacro-saints lieu du savoir que sont les universités, et je le comprends. Maintenant, de là à me sortir "tu t'en fous mais ça sera pas le cas quand tu devras payer 2.000€ d'inscription" comme je l'ai entendu au début du mouvement, ou encore "réagis, le savoir va devoir être rentable, tu te rends compte??" et ben moi "bof". Que ceux qui prônent la défense de ce savoir si cher à leurs yeux l'utilisent à des fins plus intelligentes: lire et comprendre le texte de loi, comprendre qu'il y ait des gens qui veulent avoir cours, ne pas hurler "fascho" à ceux qui sont pour la loi et respecter vraiment la parole (et les votes) lors de ces fameuses AG. <br /> Parce qu'insulter une prof qui expose des arguments, ça donne moyennement envie de prêter crédits à la parole des accusateurs. (d'accord, la prof a un humour particuleir mais bon). Même si j'étais entièrement contre la LRU, je ne voudrais pas défendre le même "Savoir" d'un(e) imbécile qui ne sait pas écouter les autres et ne les respecte pas. Ouhlala. Désolée pour ce commentaire long et un peu trop agressif...
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