être et paraître

Contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, il n'y aura pas une once de philosophie dans ce qui va suivre. Je vais en rester à de basses futilités de consommateur. Vous êtes prévenus.

    J'ai ramené mon paquet P r o m o d au magasin. C'est quand même pratique, pour le remboursement. Du coup, ça évite probablement au site de mettre des photos dont le rendu se rapprocherait trop de la réalité. Tout le monde y gagne.

    Je ne sais pas trop ce qui m'a pris, ou plutôt je le sais trop bien. Le marasme étant revenu, mes lubies ont refait surface, dont la paroxystique "Je veux avoir l'air jolie, je veux avoir l'air normal" (lubie qui est à relier à une autre : "Je veux m'intégrer à la société, avoir un boulot, faire un stage, donc ressembler à une stagiaire normale").
    Alors j'ai entamé une "réflexion". Qu'est-ce que je dois changer ? Qu'est-ce que je peux changer (= par rapport à mes moyens, mon corps et ma tête moches mais aussi ce qu'on trouve ou pas en boutique) ? Qu'est-ce qui est le plus urgent ? ><

    J'ai commencé par la dernière question [en fait, chaque année, plusieurs fois par an, ce sont les mêmes que je me pose, sauf que, pour une fois, j'avais un peu de sous, restes du travail à la cafet' de ce premier semestre], en même temps que le constat que, ces dernières années, j'ai "perdu" plus de fringues que j'en ai "gagnées". Les fringues que j'appelle "perdues", ce sont, grosso-modo : a) les vêtements qui sont usés jusqu'à la moelle, troués, difficilement réparables ; b) les fringues qui ne me vont plus. N'ayant qu'un budget limité, que je consacre en plus beaucoup aux livres et disques, ça reste dans la logique des choses.

   

Pour en revenir à l'urgence, donc, la première c'est que ben avec mon gros manteau, je commence à avoir chaud, certains jours, en cette saison. Ce gros truc en laine, élimé, démodé, aux boutons blanchis (enfin, ceux qui restent en tout cas), je l'ai depuis huit ans et demi. Et bien qu'il reste sortable l'hiver, dès qu'il commence à faire un peu chaud, eh bien il se fait vite encombrant. Donc première urgence : me trouver un manteau plus court (mais pas trop, les vestes et les manteaux courts par exemple avec mes fesses ça fait vraiment moche) et plus léger.

   

Deuxième "urgence", encore liée aux températures : trouver des hauts un peu chauds (parce que bon, il fait encore entre 0 et 7°C le matin), si possible des pulls, les deux seuls potables qui me restent étant vraiment, mais alors vraiment usés (l'un d'eux a bien sept ans je crois, et je l'ai porté quasiment tous les hivers).

   

Troisième "urgence" : trouver une tenue, grosso-modo, qui reste quand même pratique. Parce qu'il se trouve que je marche beaucoup (du moins si l'on en croit la flopée de chaussures que les magasins vendent, chaussures qui semblent tout simplement faites pour ne pas marcher plus de dix minutes d'affilée). Trente minutes pour aller à la fac, vingt minutes pour aller faire les courses, vingt minutes pour aller à la bibliothèque (et donc tout autant pour en revenir)....... J'ai besoin de stabilité sous mes pieds, de confort pour mon dos, et de tissu pour pouvoir transpirer sans sentir le fennec. Car voui, une fille, ça n'est pas forcément fana de talons hauts (déjà que j'arrive à me casser la gueule en plat sur les pavés d'Aix...), ça a, le cas échéant, des problèmes de dos, et ça peut transpirer plus que ce qu'on imagine. C'est pas glamour, mais on fait avec.

    Donc voilà, je suis partie de ça, et j'ai re-re-re-re-recommencé à me demander comment j'allais bien pouvoir me vestir. Je suis passée à la suite : le zyeutage de boutiques (en ligne, par manque de temps, et par flemme aussi) et de sites en tous genres.

    Bon, tout d'abord, soyons clair : je n'aime pas la mode qu'on trouve en boutique. Contrairement à tout ce que vous pourrez entendre, ça reste quand même majoritairement pour les filles minces, voire maigres, les petits culs, les jolis décolletés. J'ai donc énormément de mal à me retrouver là-dedans. La mode est au filiforme, on essaie de se rendre encore plus haute, plus maigre, plus lisse.
    Par ailleurs, je ne supporte pas de voir toujours, partout, tout le temps, les mêmes formes. C'est viscéral. Par exemple, j'ai une sainte horreur des jeans. Probablement parce que j'en ai trop porté, trop longtemps, et qu'aujourd'hui, quel que soit l'endroit où tu poses les yeux dans une foule, tu tombes forcément sur "la" tache bleue et in-originale à souhait. Je ne supporte pas qu'on me dise qu'il faut que je m'habille "comme ça", parce que, cet hiver, toutes les filles vont s'habiller "comme ça". Je ne supporte pas la monotonie, ça m'angoisse autant que de voir, chaque jour, le même ciel. Ça m'angoisse autant que de savoir que tout a été programmé, qu'on n'a plus aucun choix puisque ceux-ci ont déjà été formatés pour nous.
    Conséquence : le pseudo-rétro-vintage , tel qu'on le voit en vitrine depuis l'année dernière, me donne envie de vomir. Il y avait pourtant des choses jolies. Je suis moi-même tombée sous le charme cet été de certains motifs liberty, de certains bijoux... car j'y ai retrouvé des trucs que j'aime depuis longtemps (à savoir les bidules anciens). Mais finalement, il y a peu de créations qui aient un semblant d'"âme". C'est du toc et du copier-coller, partout partout partout.

    J'ai quand même tenté. Je voulais quelques fringues "normales" mais jolies pour recommencer un semblant de garde-robe. J'ai commandé quatre hauts dont une chemise sur Pro-pro. J'avais bien pris mes mesures et tout, en comparant avec ce que j'ai déjà acheté chez eux... Colis arrivé ; essayage ; verdict : il n'y a que la chemise qui me va à peu près (en même temps, elle a intérêt, vu comme elle est ample). Les trois petits hauts mettent en valeur soit mon bide, soit mon popotin, et en plus ils se portent trop large pour que ça puisse faire joli sur moi.
    C'est probablement aussi que je n'ai pas de pantalon adéquat (naon, on n'a dit : pas de jean !!).
    C'est probablement aussi (bis) que j'ai grossi ce dernier semestre, et que les fringues en général me vont encore moins qu'avant. Eh ouais, plusieurs de mois de sandwichs (avalés à la hâte et en plusieurs fois), ça fait vraiment pas du bien à la silhouette. La déprime également doit y être pour pas mal, vu les tablettes de chocolat que j'engloutissais dès que ça n'allait pas. Bien évidemment, la graisse n'allait pas se répartir de manière équitablement. Nonononon, cela aurait été trop beau. Mes très chères lipides ont préféré rejoindre leurs cousines déjà stockées à la taille. Mais pas trop au popotin, et dans tous les cas ma poitrine est restée minuscule. Pour résumer : pour 4kg pris, j'ai gagné 8cm de tour de taille, aucun aux hanches, aucun aux miches supérieures (qui conservent donc leur triste bonnet A). J'ai arrêté de grossir en arrêtant la cafet', mais je n'ai pas encore amorcé de "descente". J'ai entamé plusieurs "diètes", mais celles-ci se sont vues stoppées par de nouveaux coups de marasmes et/ou de périodes de convalescence (quand je suis malade, j'ai du mal à faire un vrai régime).

    BREF. Dans tous les cas, ça m'a encore plus dégoûtée des marques fasheun et, mes lubies aidant, j'ai vraiment eu besoin de me demander ce que je voulais vraiment. Ressembler à la masse ? Me démarquer ? Ça ressemble un peu à une rétro-crise d'adolescence ><
    Le fait est que je suis toujours autant amoureuse du lolita, dans ce qu'il a de plus mature, de plus élégant. Classic, otome, casual-lolita, appelez ça comme vous voulez... Je n'y peux rien. Cela doit être mon addiction aux contes de fées (et non pas aux princesses ou au kawai ; comme quoi, chacun peut trouver sa propre manière de "ressentir" le "lolita").
    Mais, quoi qu'on en dise, cela coûte cher, ces jolis tissus, et ce n'est pas trop compatible avec la vie que je mène au quotidien (je rappelle : mal au dos si pas bonnes chaussures, besoin de vêtements pratiques pour les allers-retours à pied, etc). Donc, je garde précieusement mes quelques fripes rori, mais je mets mon obsession en veilleuse. On verra peut-être quand j'aurai un salaire.
    Une partie du problème se pose pour le style "chic", pantalon noir et chemise blanche, que j'apprécie à l'occasion, mais qui va mieux avec des talons (ou de petites chaussures). Et pi pour marcher, les pantalons en coton, c'est mieux que leurs trucs en synthétique (qui en plus me font prendre le jus à tout va). Donc, de côté également...   

    J'ai repensé au victorien. Au steampunk, tout ça. C'est sûr que c'est un style qui a une certaine classe. A tout bien choisir, je préfère largement les modes européennes d'il y a deux siècles que le rétro/pin-up américain d'il y a quelques décennies (juste une question de goût). Mais c'est quand même dur de ne pas faire trop déguisement, surtout avec le steam. Et je ne veux plus donner dans le déguisement. Le marché des fringues "dark" a été et est inondé par une foule de fringues de vraiment basse qualité (pas toujours vendues à un prix décent, remarquez), à la dentelle qui se déchire et "qui gratte", au velours fragile et râpeux, aux formes d'un goût douteux. C'est un peu ironique de voir comment une mode plutôt basée sur le DIY, voire sur le beau costume, s'est transformée en fourbis de nippes made in China. J'en ai fait les frais, à l'époque où j'avais du mal à distinguer ce qui était correct et ce qui l'état moins. C'est sûr que c'est moins cher qu'un vêtement fait-main... mais aujourd'hui, je ne pourrai plus porter ce genre de truc, je pense que j'ai passé l'âge. Je n'ai plus vraiment envie qu'on me "remarque pour me remarquer", je cherche juste un style qui à la fois me corresponde et ne fasse pas trop tâche, qui ait un goût de réalité.

    Je reviens donc à des formes "simples". Un truc qui puisse être globalement pratique, passe-partout mais sans trop nier non plus ma propre personnalité. Quand j'aurai un peu de sous, je reviendrai peut-être aux jupes et aux fringues "de soirée" (pas pour les bals, hein, juste pour une soirée bar ou concert)... J'avoue m'être remise à rêver de Niou Roques, en particulier la paire sur laquelle j'avais vraiment bloquée à une époque. J'ai zyeuté toutes les Tuques, les Dés-monya, les dérivés de rangers, et bien sûr les dok martins. J'ai passé quelques commandes... Premier verdict la semaine prochaine.

    Dans tous les cas, il n'y aura pas de changement radical, mais au moins j'arrête de penser qu'il faut que je m'habille comme les "modeuses" s'habillent, et ça peu importe ce que je deviens. Même pour un stage ou un boulot, je ne quitterai pas le noir, ni mes t-shirts. Je tiens à mon look un peu pourri et pas féminin un brin.